Une question qui, au premier abord, semble futile et peut prêter à sourire. Néanmoins, elle s’inscrit aujourd’hui dans une véritable prise de conscience et de parole de la part des musiciens eux-mêmes.

L’industrie musicale a connu de nombreux bouleversements au cours des vingt-cinq dernières années. L’arrivée d’Internet dans les foyers occidentaux à la fin des années 1990 marque un premier tournant dans notre rapport à la musique.

Le « tout, tout de suite » gagne du terrain et deviendra bientôt la norme. Les artistes, et plus particulièrement leurs maisons de disques, s’inquiètent à juste titre. C’est à ce moment que des acteurs comme eMusic, KaZaA ou encore le très célèbre Napster voient le jour.

Les majors et la digitalisation de leur catalogue

Dans la foulée, dès le début des années 2000, les six géants de l’industrie tels que Sony, Universal Music Group ou encore Vivendi en Europe se réveillent et proposent leur catalogue en ligne. Nous entrons dans l’ère du téléchargement, une copie digitale venant remplacer la cassette, le vinyle ou encore le CD.

La possibilité nouvelle de télécharger sans limites ni contraintes des milliers de titres en quelques clics, avec comme seul impératif l’acquisition d’espace de stockage, engendre une dynamique jamais observée auparavant.

La bibliothèque musicale d’un mélomane du XXe siècle, constituée par des décennies de collection minutieuse, est balayée en quelques gigas.

C’est dans ce contexte qu’Apple va en 2003 réellement faire décoller la tendance de la distribution de musique en ligne, avec le lancement d’iTunes Music Store, incluant des répertoires des cinq majors.

Pour couronner le tout, son baladeur numérique iPod permet d’avoir un accès direct au Store. La multiplication commerciale d’objets similaires met un coup de grâce au Walkman de nos parents. Faites désormais place à des centaines, puis très rapidement des milliers de MP3 dans votre poche. La révolution digitale est en marche, mais la musique n’a pas dit son dernier mot.

Le sens de la fête – l’ambiance sonore au coeur de l’expérience

En parallèle, au milieu des années 2000, le lien physique est au centre de la tendance à venir. Susciter de l’émotion, créer du lien, vivre une expérience dans le réel, passer un moment inoubliable en compagnie d’inconnus qui partagent la même passion que vous. Voilà la promesse, et elle va être tenue.

Cette culture est encore très éparse à l’échelle de l’Europe. Et si l’Allemagne ou l’Angleterre font figure d’exception dès les années 90 avec l’organisation de raves ou de festivals, ces rassemblements sont encore très en marge de la société. Et les fêtards qui y participent font l’objet de préjugés résistants. Tout cela est sur le point de changer, et quelque part Internet a contribué à cette rapide mutation.

Année après année, on constate un accroissement constant, en Europe et outre-Atlantique, de collectifs et associations organisant des festivals. En une décennie à peine, il y en a pour tous les goûts et pour tous les âges.

Et c’est tant mieux, car tout le monde a quelque chose à y gagner. Un sentiment de diversité rappelle à cette société grandissante de l’unité que tout n’est pas encore perdu, et que nous sommes désireux d’expériences et de lieux de rencontres culturelles. Hourra!

Le streaming – la distribution de musique instantanée

Octobre 2008 signe l’avènement de la première plateforme de streaming musical que l’on connaît tous, Spotify. La messe est dite : venez chez nous, et vous pourrez vivre de votre musique. Une promesse tout à fait louable et excitante pour quiconque souhaite se lancer dans l’aventure. Pour ceux déjà en place, c’est un gage de sécurité, assurant des gains liés à leur création et aux droits de la propriété intellectuelle.

À ce titre, même encore aujourd’hui, il est très difficile de s’appuyer sur des sources sérieuses quant à l’impact que le téléchargement illégal a pu provoquer dans l’industrie. Deux certitudes à ce sujet néanmoins. Premièrement, les pirates ont remporté la bataille, dans la mesure où les tentatives judiciaires visant à pénaliser ces pratiques ont tout simplement échoué.

Deuxièmement, soyons honnêtes, la guerre a bien été remportée par les grands groupes du secteur, qui ont su rapidement se renouveler et retrouver les profits d’antan.

Le meilleur des mondes, donc ?

Mais voilà que 10 ans plus tard, les choses ne sont pas aussi roses qu’elles paraissent. Depuis quelques années, bon nombre d’artistes sont dans une impasse. Et cela concerne aussi bien le musicien indépendant en devenir que le groupe enchaînant les tournées à l’international.

Car si les plateformes de streaming ont généré un rebond commercial de l’industrie, la mainmise par ces géants amoindrit les marges de manœuvre pour l’artiste et l’oblige à entrer dans une logique de marchand.

Dans une vidéo récente sur X (ex-Twitter), le musicien de renom international James Blake pointe le fait que « Les sites de streaming ne paient pas assez, les labels veulent une part plus grosse que jamais et attendent juste que tu deviennes viral, TikTok ne paie pas assez, et partir en tournée devient de plus en plus cher pour la plupart des artistes »

Il rappelle à juste titre qu’un million de streams sur une plateforme de streaming rapporterait environ « 3 000 dollars, dont plus de la moitié irait au label, au marketing, etc. »

Et cela n’a pas qu’un aspect financier, cette logique affaiblit la possibilité de créer de la musique de qualité. Car on le sait, réaliser un album prend du temps, et la patience est une vertu de moins en moins valorisée.

Il y a des signes qui ne trompent pas, comme par exemple la durée de plus en plus courte des musiques au fil des années. Ceci n’est pas le fruit d’un appauvrissement créatif, mais bien d’une réalité économique. Car oui, pour générer des revenus, il faut cumuler des écoutes, beaucoup d’écoutes.

Aujourd’hui, les musiciens sont davantage préoccupés par la concurrence accrue sur ces plateformes plutôt que de dépenser leur énergie dans une création singulière et originale. La conformité devient la norme, pas de place pour des histoires poétiques de neuf minutes. Ce n’est pas vendeur.

L’idylle semble donc être à sens unique dans cette affaire, et la créativité perd en légitimité face à la politique du chiffre. Les musiciens doivent se plier aux exigences du marché, faute de quoi leur carrière ne (re)décollera pas. Les nouveaux talents doivent se faire une place dans un océan de nouveautés qui, chaque jour, rend leur visibilité un peu plus diluée.

La désintermédiation comme solution ?

Libre à nous de rétablir un peu d’équité dans cette houle. En témoigne la plateforme Vault. Les artistes y sortent des séries limitées de singles, d’albums et autres exclusivités pour leurs plus grands fans. L’argent versé ira directement aux musiciens, plus d’intermédiaire entre l’artiste et le passionné. « De la musique directement de moi à vous » précise James Blake, qui a également activé la possibilité d’un chat pour que ses fans interagissent sous ses chansons : encore moins d’intermédiaire entre les deux.

La demande ici est double et semble être le reflet d’un véritable besoin. De la part de l’auteur mais également du consommateur, qui se perd sur ces interfaces où des dizaines de millions de titres sont proposés, rendant la communauté de diggers (chercheur de pépites) une espèce en voie de disparition. Dit autrement, trop de choix tue le choix. 

Les mélomanes que nous sommes, et il y en a beaucoup, sont prêts à sortir quelques euros de leur poche à partir du moment où cela sert à rémunérer leur artiste ou groupe préféré.

La sonorisation professionnelle pour une rémunération plus juste des artistes.

Chez Deepidoo, nous attachons une attention toute particulière à ces sujets. Notre engagement va s’étendre notamment sur le développement de partenariats, avec des artistes et des labels en quête de visibilité. Notre expertise en tant que sonorisateur ainsi que notre présence dans des dizaines de milliers d’espaces physiques nous permet de nouer ce type de collaboration, assurant une rémunération plus juste des artistes.

Notre solution audio en point vente, Deepisound, est un véritable atout sur bon nombre d’aspects, comme par exemple notre player musical assurant la lecture intégrale d’un titre programmé (là où, à l’inverse, l’utilisateur d’une app peut faire « next » à tout moment). 

L’éditorial également, via notre interface, joue le rôle de vitrine et permet de faire la promotion d’un projet musical sur une période de l’année. Ces arguments sont précieux et déterminants pour une rémunération au plus juste.

L’IA ou l’art de demain ?

Réduire un art au rang de chose que l’on peut se procurer au moyen d’un simple abonnement est aujourd’hui remis en question par la scène musicale internationale.

La musique n’est pas gratuite, c’est un fait, mais elle est de plus en plus perçue comme telle. Ce qui, dans le contexte actuel, ouvre grandement la porte à l’arrivée de l’IA générative dans nos sociétés. L’image et le son qu’elle crée deviennent crédibles un peu plus chaque jour. Et nous ne sommes qu’aux premiers balbutiements d’un phénomène encore mal perçu.

L’IA va ainsi remodeler l’art dans sa globalité, et remettre en question notre créativité et notre rapport au beau. Qu’importe, me direz-vous, du moment qu’il y en a pour tous les goûts.

Seulement voilà, lorsque nous serons bientôt incapables de discerner le vrai du faux, quelle sera notre réponse ? Qu’adviendra-t-il de notre engouement millénaire de laisser parler notre imagination et raconter des histoires à ceux désirant les écouter ?

Une innovation, quelle qu’elle soit, n’est jamais un jeu à somme positive. Il y a toujours des avantages et des inconvénients, des gagnants et des perdants. Il ne tient qu’à nous de replacer le savoir-faire humain et la créativité au centre de nos préoccupations.

En témoigne cette pétition signée par plus de 200 artistes, demande aux développeurs et entreprises de la tech de ne pas empiéter sur la créativité humaine.